en un instant, chavirer - 2025


from paris to berlin, on my way to london through
brussels…we might stop in bern – 2019
durée : 60min
Disparaitre.
Pas totalement, être absent, un peu hésitant, du coup confus, distrait, tête en l’air.
Se déconnecter, le corps un peu la-s et la tête ailleurs.
S’évanouir, s’éteindre, se désincarner.
La pièce commence ainsi.
Ils sont là Eléonore et Nans. Et moi je suis là.
Tous les 2 là et moi là.
Ils me commandent, me somment de me dissiper, de n’être qu’essence, de m’élever.
De me défaire de ce corps, de me défaire de l’ingérence de ce corps, qui ne fait que m’empêcher parce que trop malade, trop fragile, trop rythmé, pas assez silencieux, parce que vieillissant.
Pouvoir m’abstraire, m’extraire de ce corps et n’être que pure pensée…enfin désencombré…l’ascension est enfin palpable.
Pouvoir alors m’en remettre à une puissance calculatoire, fusionner avec cette puissance calculatoire et cautionner la conversion de mes actions, de ma personne en signes pour m’accompagner dans cette élévation, pour me permettre cette élévation. Etre enfin ce flux, cette substance pensante.
Une diminution de la prise de risque… et réduire par la-même la part de vivant
dans mes décisions. Mais espérer grandement, souhaiter fortement cette élévation, cette promesse
évolutive et l’avènement de l’éminence en moi.
Alors on m’exhorte, Eléonore et Nans, ils tentent de m’aider, ils me disent :
« plus éthéré dans tes mouvements, soit désincarné, pense superficiel, périphérique, n’engage pas le centre. Pense articulaire, imagine que chacune de tes tentatives avorte, voilà fait comme si chacune de tes tentatives avortait ».
Et on aimerait tous que cet homme, que moi Nicolas, qui travaille avec mon corps depuis plus de 20 ans, accède à cette demande. Comment imaginer qu’après autant de temps de travail sur et avec mon corps je ne le maitrise pas mieux ?
La pièce commence ainsi.
(un peu plus…)